L’aRRiVée DeS STray CaTS à LoNDReS par HeNRy PaDoVaNi

L'aRRiVée DeS STray CaTS à LoNDReS

L’aRRiVée DeS STray CaTS à LoNDReS par HeNRy PaDoVaNi

L'aRRiVée DeS STray CaTS à LoNDReS
Les Stray Cats © Unknown

Henry Padovani, guitariste corse émigré à Londres et fondateur de Police (avec Sting et Steward Copeland) a vécu, avec son groupe les Flying Padovani, le branle-bas de combat provoqué par l’arrivée le 19 juin 1980 des matous au royaume de sa Très Gracieuse Majesté. Il nous fait revivre ce débarquement dans ce texte publié récemment sur son “mur Facebook”. Nous le publions ici avec l’accord d’Henry que nous remercions pour sa patience, aussi.


Juste un truc, puisqu’il est beaucoup question des Stray Cats en ce moment. Je viens de lire un article dans le Washington Post qui parle de leur incroyable explosion sur la scène anglaise. Citant beaucoup de noms fameux, l’article oublie cependant ceux qui ont véritablement comptés.

C’est Pete Mc Carthy, qui les a découverts à New York. Pete avait les meilleures oreilles musicales de Londres et voulait trouver un truc qui lui plaise vraiment. Il sortait tout le temps voir de nouveaux groupes et à chaque fois, il disait avoir vu un truc qui déchirait, saignait et explosait. Donc, il décide d’arrêter son boulot de peintre en bâtiment pour trouver un truc qui lui plaise vraiment. Sans un rond, il part à New York où un soir il voit les Bloodless Pharoes (*), avec un excellent guitariste qui jouait sur une Stratocaster pourvue d’un manche de Telecaster. Il les branche, leur conseille de changer de nom, et nous voilà avec les Tomcats. Il m’envoie une cassette de démos et me dit qu’il a enfin trouvé LE groupe.
J’avoue que la cassette – que j’ai encore – est top de chez top. Il a des embrouilles à New York mais il se débrouille pour les convaincre de venir à Londres. Je crois qu’il avait juste assez d’argent pour trois billets d’avion. Lui arriverait plus tard… Ils ont un nom et un numéro de téléphone : les miens. Pete, l’irlandais qui était mon meilleur ami m’a demandé de m’en occuper quand ils débouleraient.

J’habitais un endroit de merde à Vauxhall. Mais voilà que le téléphone sonne : les Tomcats sont à Londres. Bougez pas, j’arrive. Voilà donc, le groupe dont Pete m’a tant parlé. OK, on va se débrouiller. Y’a le parquet pour dormir et se reposer. Vite, des coups de fil. La personne qui me semble la plus adaptée à faire quelque chose, c’est Claudine Riley. Une amie française, attachée de presse, femme de Mykaell Riley, chanteur de Steel Pulse. Elle accepte de les rencontrer et de voir ce qu’elle peut faire. Elle adore la cassette. Ils dorment sur les divans de l’agence. Et c’est Claudine qui trouve le nom de Stray Cats. Elle les met immédiatement en première partie sur une tournée de pubs londoniens avec une sorte de crooner dont j’ai oublié le nom. Ça ne coûtera rien et ils pourront montrer ce dont ils sont capables.

Le bon truc, c’est que le crooner joue chaque soir. Comme ça se fait, elle invite tous les journalistes de Londres. Le premier soir, il n’y a presque personne, ni dans le public, ni dans les rangs des journalistes. Sauf que ceux qui étaient là ont vu le potentiel du groupe. Et nous bien sûr !! Trop fiers ! Bien entendu, on faisait la claque pour nos potes. Dès le lendemain, le buzz avait commencé et les Stray Cats étaient le groupe à voir. Le seul mec qui flippait dans l’histoire, c’était le crooner, qui avait bien compris que personne ne venait pour lui… Le troisième soir, je vois débouler Pete Farndon (que je connaissais bien depuis la tournée que les Flying Padovanis avaient faite avec les Pretenders) ainsi que tous ses potes Hells Angels dans un pub à South Kensington. Évidemment, ils ont adoré et eux aussi ont senti le filon. Ils n’ont plus lâché les Stray Cats. Là, tout le monde a compris qu’il faudrait négocier avec eux, aussi… 

Tout ça s’est passé très très vite. Tout le monde voulait les voir. Il y a une fibre rock-a-billy dans chaque rocker. Or les Stray Cats la faisaient vibrer comme personne. Les bananes, les chemises sans manche, les creepers, ils les portaient mieux que tout le monde. On s’y est tous mis. Ça semblait juste. Et puis, les Stray Cats, pour le coup n’étaient pas comme un groupe revival. C’était comme un truc nouveau. Ils le faisaient comme si c’était tout neuf. Ils réinventaient le truc.

La suite ? Des concerts bondés, toutes les maisons de disques qui voulaient les signer et des sacs remplis de coke qu’il fallait fournir pour les Hells Angels, bref un bordel pas possible. Et puis, oui, tout le monde a pu les voir : les Jeff Beck, les Mick Jagger, les Keith Richards, les Joe Strummer, les Chrissie Hynde et tous les autres… Mais ils ne les auraient jamais vus si Pete Mc Carthy n’était pas tombé sur les Bloodless Pharoes à New York et si une fameuse Claudine Riley n’avait pas changé leur nom. Ce groupe existerait-il peut-être à New York, mais sans plus…

Seul Pete a compris. Il a compris à l’instant même où il les a vus et entendus.
Je peux me tromper, mais je ne crois pas.

Henry Padovani

Notes de Bop-Pills : Nos recherches nous laissent penser que Pete découvre les Bloodless Pharoes au Max Kansas City. Peut-être même au CBGBs. En effet le groupe était dans la mouvance new yorkaise de l’époque (disons punk new wave). De plus Marty Thau avait publié une compilation (un sampler en vérité) dont le titre était 5×2 (pour 5 groupes et 2 titres chacun). Outre les Fleshtones, on y trouvait les Comateens et …… les Bloodless Pharoahs ! Quant au choix de Claudine Riley, impossible de faire mieux. Elle avait déjà sous sa houlette (tenez-vous bien) : les Who, les Rolling Stones …. Elle avait aussi travaillé avec Jimi Hendrix, excusez du peu.

Henry a déjà mentionné maintes fois cette histoire. Dans son livre Secret Policeman et aussi sur son site. Mais l’intérêt de cette version très spontanée, c’est qu’elle fait ressentir pleinement l’urgence de ce débarquement qui allait provoquer une vague rockabilly sur l’Europe au début des années 80. Toutefois, en France, elle avait déjà été bien entamée par Jacky Chalard (son label Big Beat) et par Rocky Chignole (émission Radio Rock’n’Roll sur Radio 7).

L’article du Washington Post

Le site d’Henri Padovani

Professor
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3 Commentaires

  1. Septembre ou octobre 80, je les ai vu par hasard au Rainbow pour leur premier concerts, hors pub à Londres … Ils jouaient en ouverture de Costello.. J étais au balcon… Je me souviens plus de Slim debout sur la batterie que de la musique (!).. J’ai su plus tard, en lisant R&F sans doute, que le soir là y avait du beau monde dans les coulisses : Pete Townsend, Jeff Beck entre autres… J’ai encore le billet… Quelques jours plus tard les Ramones à l’Hammersmith et les Specials au Lyceum ( je crois) m’ont laissé un bien meilleur souvenir

  2. Étrangement ou plutot non, car je fais tout à l’inverse des autres, je n’aimais pas les Stray Cats à cette époque, j’ai vécu leur émergence comme une trahison du public envers le vrai rockabilly. Moi j’aimais Robert Gordon et Webb Wilder et oh oui l’émission Rocky Chignole bien sur. Les Stray Cats pour moi jouaient trop fort, trop vite, ça plaisait aux japonais et aux jeunes de l’époque, mais il me manquait la syncope chaloupé des anciens tubes des années 50. J’ai redécouvert ce groupe lorsque j’ai acheté ma Telecaster et des CD de Brian Setzer vers 2012, pourtant même si j’aime les écouter je préfère toujours Brian Setzer après les Stray Cats et bien sur la guitare de Grady Martin de Scotty Moore ou de James Burton seront toujours pour moi le top du top

  3. Quand notre PréZident BÔloulou se déchaîne, c’est vraiment à hurler de bonheur ! Bisouhouhouhouuuuuuuuuuuuuuu !!!!!!

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