GiBSoN Les PauL 1960 eRiC ClaPToN 1/2

Clapton Gibson

Si la Gibson Les Paul 1960 originale d’Eric Clapton est entrée dans la légende, cela tient non pas à une, mais à plusieurs raisons spécifiques. Et c’est pas pour des nèfles que le Custom Shop de Gibson se met en quatre pour tenter de reproduire à l’identique, ou presque, une guitare disparue depuis belle lurette.

Déjà, rien que le jeu de Clapton sur l’album Bluesbreakers with Eric Clapton de John Mayall et des Bluesbreakers de 1966 (connu à jamais comme “le Beano Album” puisque, sur la pochette du LP, EC feuillette  une bédé Beano) est du pur blues-rock majeur : fulgurant, énergique et sauvage. Tandis que des fans bombaient le légendaire “Clapton Is God” sur les murs et dans les gares de Londres, le virtuose  offrait le rugissement de la powerfoule Sunburst Les Paul à la musique amplifiée. Mais après une écoute du feulement velouté et mordant du style de Clapton sur des titres comme “Hideaway”, “Double Crossin’ Time'” ou “Key to Love”, partout dans le monde, d’innombrables cohortes de guitaristes ont été immédiatement retournées par la puissance de cette guitare électrique, pourtant sous-estimée et négligée. Jusqu’à ce que le “Beano Album” lui redonne ses lettres de noblesse…
Alors, pratiquement du jour au lendemain, la Les Paul Singlecut, pourtant supprimée du catalogue Gibson après 1960 (puis reconçue en Doublecut SG que Les Paul rejettera), devient un must indispensable pour tout guitariste sérieux désirant laisser une trace dans la musique. Pour l’éternité, le rock et le blues étaient désormais transfigurés.

Pour ce qui est de l’affectif, ou de l’Histoire, encore que l’un n’empêche pas l’autre,  EC achète la guinde originale en juin 1965 à Londres, dans un magasin de Charin Cross, celui de Lew Davis. Apparemment c’est une super occasion, elle a été assez peu utilisée. Le jeu hallucinant de Clapton, le succès du “Beano Album” et les photos de pochette où l’on voit le guitariste jouant de sa trouvaille feront le reste. Tout bluesman blanc londonien ou grand breton se doit de jouer sur une Gibson Les Paul millésimée 1958 ou 1959 et pas plus que 1960, sinon rien à faire c’est pas un bluesman ! Faut un minimum … Tant qu’à faire on choisira une finition “Cherry Sunburst”. Vu que  l’Angleterre était alors à la pointe en matière de dévotion blouzinesque, les guitaristes de blues blancs américains poseront leurs Fender Telecaster pour tâter de la Gibson. Et s’ils avaient utilisé leurs neurones à bon escient, ils auraient vu qu’Albert King et Freddy King jouaient sur Gibson, m’enfin quoi ! Le premier sur une Flying V série “Korina”, le second sur Gibson ES 335 et… Les Paul. Or, s’apercevant que Freddy King joue sur Les Paul, “God” lui emboîte le pas. Pour ce qui est de la 335, Clapton en a déjà une, achetée en 1964. On la verra lors des concerts d’adieu des Cream au Royal Albert Hall  les 25 et 26 novembre 1968 (Cf le dévédé “Farewell Cream” tant décrié par certains pour la qualité du son et de l’image qu’ils en oublient la performance musicale qui tient toujours la route).
Et comme on a le sens des affaires chez Gibson, on relance l’usinage des Les Paul en 1968. Rappel : Clapton avait non seulement défini l’étalon sonore des années à venir, non seulement il a réintroduit une guitare qui est dorénavant une icône américaine, alors que “For Your Love” des Yarbirds – où il avait officié  – venait de cartonner comme pas possible aux States (6ème au Bilboard le 15 mai 1965). Et tout ça à 19 ans. Chapeau !!! (*)
Voilà, pour le côté passionnel de la légende de la “Beano Burts”.

Cependant il y a un drame – de taille ! – dans cette histoire : l’instrument d’origine, la Les Paul de Clapton, a été volée en 1966, alors que “God” était en répétition avec Cream pour leur première tournée selon les uns, lors des premières répétition du groupe selon les autres. Elle n’a jamais été retrouvée… Alors, chose inédite dans les annales, pour la toute première fois un facteur et un musicien, ici le Custom Shop de Gibson et Eric Clapton,  se sont associés pour reconstituer quarante-cinq ans après, une des plus légendaires Les Paul Standard, une guitare célébration d’un instrument culte très probablement à jamais hors de portée de vue.
Ce sera la “Gibson Custom Shop Les Paul 1960 Eric Clapton”, créée en étroite collaboration avec l’artiste en se référant minutieusement au peu de photos existantes. De toute évidence, c’était un challenge que de recréer une guitare à partir d’une gratte introuvable. Cette reconstitution est censée être l’exact reflet des sensations encore éprouvées par Clapton en regard de l’instrument d’origine qui était le sien.

Clapton GibsonOn le verra dans la prochaine note consacrée à cette performance, mais chaque élément de cette composition, le grain des bois, la couleur de finition, du profil du manche en passant par la sensation de la touche, en faisant un détour par les micros et plus encore, a été approuvé pour de vrai par Clapton sur la base de plusieurs guitares test, entre autres celles de sa collection perso de Les Paul, de telle sorte que cette recréation insolite parvienne à régénérer au plus juste possible le timbre du Saint Graal 60 tel que le guitar-hero s’en souvient encore.

La Les Paul 1960 Eric Clapton a été fabriquée en très peu d’exemplaires : 55 guitares ont été vieillies par le célèbre expert Tom Murphy et signées par Clapton lui-même, le virtuose prélevant les cinq premières. Les quatre-vingt quinze suivantes ont également bénéficié de la patte Murphy. Enfin, trois cent cinquante exemplaires furent finalisés par un traitement Vintage Original Special (VOS) Gibson.
Les 500 guitares offrent dans leur ensemble les caractéristiques spécifiques de la Les Paul Standard 1960 originale de l’artiste. Ainsi la table en érable finement sculpté et à la finition Antiquity Burst, ainsi l’accastillage de l’époque (dont les propres améliorations de Clapton qui remplace les mécaniques Kluson d’origine par des Grover à bain d’huile) et la réplique de deux des meilleurs micros de Gibson : les PAF- style humbucker, rien moins que des  Alnico III.
Autre changement : le prix. Faut donner un bras : 4500 euro pour un exemplaire VOS. Par contre, ça coute la peau des … ou la peau du …, en gros, les yeux de la tête, pour l’un des 150 exemplaires précédents. 8700 €.
A ben mon pote, ça rigole pas quand le Custom Shop de Gibson veut refaire l’histoire ! .
La suite, soit la fabrication et les éléments de cette réédition, au prochain numéro.
Ouèche !!!

Professor BeeB HôPô

PS : cette série de notes est une traduction très-très libre d’un article publié sur le blog de Gibson USA, auquel j’ai ajouté des éléments à mon avis essentiels pour la compréhension de cette démarche assez singulière. Attention : Le blog de Gibson est définitivement fermé. Le site : Gibson USA

(*) Ce paragraphe n’est pas dans le texte original.

Professor
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