JoHNNy RaMoNe : JoHNNy GoT HiS GuN

Johnny Ramone

JoHNNy RaMoNe : JoHNNy GoT HiS GuN

JoHNNy RaMoNe“I think we can be friendly with each other and like each other, but we can’t live together”

(Dee Dee Ramone in : End Of The Century, dévédé)

18 mars 2002. Waldoff Astoria NYC. Cérémonie d’induction des Ramones au Rock’n’Roll Hall Of Fame. A Johnny d’être au micro. Au lieu de dire du merci convenu, consensuel et con aux uns, aux autres et à n’importe qui, il balance tout de go : “God Bless President Bush and God Bless America”. En hexagonal : “Dieu bénisse le Président Bush, Dieu bénisse l’Amérique.”
Ambiance dans les travées et gueules de traviole devant les fenestrons…

Les forfaitures de Johnny sont innombrables. Avant et pendant les Ramones.
Avant, c’est parce que, fondamentalement, il est à la recherche de lui-même et en rébellion permanente. L’incarnation parfaite de la tête brûlée. Du coup, au lieu de prendre à gauche, il tourne à droite.
Pendant, c’est parce qu’il devient leader du groupe qu’il va mener d’une main de fer. Juste, mais ferme. L’a pas été élève militaire pendant deux ans, sans que ça ne se ressente d’une manière ou d’une autre dans le gang. Mais il reste à droite.
Envoyez l’générique.

JoHNNy RaMoNe

En ces temps politiques cataclysmiques on brave encore le danger, car, soyons lucides, il y a plus consensuel comme introduction. Et que Johnny Ramone comme sujet de conversation. Subséquemment, consacrer plusieurs notes (*) à un musicien ex-élève d’une école militaire, ex-petite frappe, ex-base-baller, en plus d’être ultra conservateur, évidemment ça la fout mal. Chez nous on l’aurait tatoué au fer rouge avec une empreinte “réac” en place publique. Et dans la foulée, Alice Cooper, Hank Williams Jr, Ross The Boss, Gene Simmons ainsi qu’une flopée de bons apôtres assez clivants dans leur genre.
Notre homme avait, dit-on, une fascination pour le décorum nazi.. Alors forcément dans un univers qui se proclame de gauche – mais l’a t-il jamais été vraiment ? – ça dérange grave. Pourtant, Lemmy et Ron Asheton se trimballaient avec des uniformes dessinés par Hugo Boss pour les SA et les SS, sans que quiconque soit gêné. Dee Dee collectionnait les insignes nazis, personne n’a jamais moufté.
Mais là, c’est conceptuel comprenez-vous ? Et, c’est de l’art voyez-vous !

JoHNNy RaMoNeCeci dit, on se doutait depuis belle lurette que des ambiguïtés flottaient au-dessus de  la marmite ramonesque truffée de bons mots tels que Viet-cong, Viêt-Nam, Communist, commando, shock trooper, liste non exhaustive. Pour les trois premiers c’était clairement de l’anticommunisme primaire, pour les autres du pro-américanisme avéré, ce qui revient à peu près au même. N’oublions pas que les vrais faux-frères, dont le programme commun pourrait se résumer par la formule “Today Your Love, Tomorrow The World”, n’étaient pas franchement des gauchistes (surtout pas Dee-Dee, Johnny encore moins), mais plutôt, et au mieux, des libéraux-démocrates. D’ailleurs, les dissensions au sein du groupe ne viendront pas uniquement de ces réelles différences d’opinions politiques, mais aussi, de caractères très opposés.

Quand le premier album est sorti (je l’avais acheté chez Christian à Music Action; ça lui plaisait pas trop ce genre de trucs, mais il faisait contre mauvaise fortune bon cœur, car s’il vendait surtout ce qu’il aimait, il vendait aussi ce qui faisait le buzz) et comme on n’y travait pas grand chose nous en France aux paroles des “Ramonèsses” – on a mis ça sur le compte de l’humour. On s’était pas gouré…
Car, de l’humour, y’en avait à Ramoneland. A la tonne.
Et dans le genre, Johnny faisait figure de poids lourd. Témoin le recto de pochette de Rocket To Russia dessiné sous ses consignes. Le sens de l’humour de Johnny Ramone est surligné par Debbie Harry (Blondie) pratiquement à chaque fois qu’elle est interviouvée sur les Ramones qui ont fait du détournement des icônes américaines (l’aigle, la devise, le sceau du président) une inénarrable marque de fabrique. Quasiment un monogramme.
Mais y a pas que ça : ce serait réduire notre homme à un comique… troupier.

Esthète de lard, il a qualifié Stonenhenge “de tas de cailloux” (en gros) et, au comble de l’humanisme, affirmé que la peine de mort devait être télévisée (en direct). Chez les country men, le courant aurait passé, mais chez les rockers, y’en a plus d’un qu’est tombé de sa chaise.
A Los Angeles, teigneux comme pas permis,, il tartine deux beignes à Malcom McLaren, le grand initiateur du punk marketing, sous prétexte que celui-ci parlait de façon un peu trop gestuelle à sa régulière. Voyez la scène : touche pas, c’est MA fille ! Et paf, que j’te colle un aller et retour en travers du museau. Au plus fort de la colère, alors que McLaren était au sol, Johnny a failli l’achever à coups de Mosrite, sa pelle. Bonjour la sérénade !
JoHNNy RaMoNeAutre célébrité célèbre à dérouiller grave au dégrippant : Phil Spector. Lieu : Gold Star Studios, Los Angeles. Il se met en tête d’obtenir le mix parfait du premier accord de “Rock’n’Roll High School”, lors des sessions de End of The Century. Johnny restera cinq heures à jouer encore et encore cet unique accord (un fa# ?). Puis, le plus fantasque des producteurs écoute et épluche chaque prise une par une; il vitupère et déverse ad libitum un chapelet très poétique “Shit ! Piss ! Fuck !, Shit ! Piss ! Fuck!”, sur chacune d’entre elles. Johnny attend en se demandant ce qu’il fout là. Jusqu’au moment où, lassé et écœuré, ceci d’autant plus que son père venait de mourir, il prend ses cliques et ses claques et quitte la cité californienne.
Néanmoins, les deux faisaient dans le bâtiment. Spector comme créateur du “Mur du Son” dont chaque brique coûte une blinde et Johnny, pour de vrai, comme O.S. Comme quoi, il y a des intellect(r)uels dans le rock. Nan je sais, c’est plus fort que moi. !
Ce sera le dernier album enregistré par Spector aux Gold Star Studios.

Tous les Ramones feront les frais des ires de Johnny. Le preum’s, c’est Joey, ce pauvre Joey. Il a en reçu de sacrées poignées de marrons. La première bicoze il était à la bourre (!) pour un rencard direction le ciné. Et quand on connait l’amour de Johnny pour le cinéma bis (de préférence série Z, sans vouloir vous importuner), on sait que ça ne se fait surtout pas. La preuve : à peine les Ramones raccrochent-ils les gants, jusqu’au boutiste comme c’est pas permis de l’être, Johnny ne touchera plus jamais une guitare de sa vie. Par contre, il se voyait très bien se lancer dans le tournage de films low-budget, à bas coût, comme on dit en azéri. Il n’en aura jamais l’occasion.
C’est pas pour en rajouter, mais tout de même : Mickey Leigh, le frelon de Joey, écrit dans son bouquin I Slept With Joe Ramone : “There were only two ways to survive living with my brother – love him, or kill him -, or else you’d go crazy yourself”. Bien vu.
Seulement voilà. Johnny Ramone prend la deuxième option et tue Joey Ramone.  A petits feux. Et en commençant tout bêtement par lui piquer sa nana, Linda. Les deux tourtereaux se marient tandis que Joey ronge son frein. On est plein cœur d’une carrière qui compte quatorze albums et plus de deux mille deux cents concerts. Le tout étalé  sur vingt-deux ans. Joey et Johnny ne se parleront plus jamais. Comme l’a dit Linda bien plus tard : “Johnny always gets what Johnny wants”.
C’est beau l’obstination.
Ouèche !

Professor BeeB HôPô

(*) La première, celle-ci, dépeignant le côté obscur du bonhomme et son déterminisme – doux euphémisme -. Les autres, je verrais, mais c’est prévu, je l’aime bien moi, Johnny.

PS : C’est pas pour dire, mais demain, cela fera 10 ans que Johnny est mort.

 

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